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  • blandinebergeret21

Mon 3ème roman, extrait...




Ces premières années, j’ai kiffé, comme on dit de nos jours. Je kiffais ma vie. Mes amis. Mes soirées arrosées et enfumées. Je kiffais mon job d’étudiant. Mon quartier. Wazemmes, un étrange mélange de peaux mordorées. Un arrondissement vivant, bruyant, animé que j’aime et où je me sens à ma place, où les gosses crient et s’amusent dans la rue, tandis que les adultes palabrent des heures durant sur les trottoirs, sur un fond de musique orientale. Un peu cliché, mais vrai. 


Impatient de nature, je voulais goûter à la liberté, à l’anonymat d’une grande ville. J’avais une soif urgente de bonheur, un besoin de vivre de manière entière, totalitaire, excessive. Certains diront que c’est tout simplement la définition de l’adolescence, cette envie d’indépendance, mais j’avais en moi bien plus que cela. Je voulais m’affranchir de ma différence. Je voulais me perdre dans l’anonymat. Je voulais vivre ma vie d’homme…


Je crois que la meilleure période a été celle post bac, pendant mes études sup’. Mes nuits sont devenues festives, folles. Enfumées. J’ai découvert la bière qui me nourrissait autant qu’elle me désoiffait. Et c’est à cette période que je me suis réellement et pleinement émancipé. Je profitais, toujours au cœur des bons plans, des happy hours et des soirées gratuites en boîte de nuit par le biais de copinage. Avec mon groupe de potes, ceux de ma coloc’, on vivait des vendredis et samedis soir endiablés, eux à jouer de la zic’ sur des scènes improvisées dans des cafés de Wazemmes. Les Sarrazins, un bistrot coopératif, et au Cheval Blanc, deux établissements dans notre rue. Il nous est même arrivé de nous produire dans des estaminets à Bruxelles. On s’entassait dans une caisse, les instruments sur les genoux, et en une heure de route, on rejoignait la capitale belge. Excités. Ma mission : passer dans les rangs pour récupérer des pièces, parfois même des billets de cinq ou dix euros. Payés au chapeau, on engloutissait nos pourboires dans des pintes de bière comme des soiffards. Je croquais la vie. Impunément. À pleines dents.


Extrait de mon 3ème roman

Février 2024



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