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Mes yeux sont secs. Un homme ne pleure pas. Mes membres tremblent malgré eux, mes bras, mes jambes, mon corps tout entier pris de soubresauts, incapables d’arrêter leur danse frénétique, incapables de me porter. Ma respiration est saccadée, irrégulière. L’air que j’inspire, puis expire, forme un halo, un nuage de brouillard dans lequel j’aimerais me perdre et me calfeutrer. Ne pas penser. Ne plus réfléchir.
Mais plutôt que de commencer par la fin, car il s’agit bien d’une fin, de celle que l’on voit dans les films, le générique de clôture écrit en lettres majuscules – FIN - je vais vous raconter l’histoire. La mienne. La sienne, celle de ma rencontre avec LUI.
Après le succès de "Elle voudrait des étoiles, des étincelles et des papillons verts dans ses cheveux" et "J'aurais aimé te dire", "Rouge décembre" est le troisième roman de Blandine.
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Ai-je été trop faible ? Trop naïf ? Ou pas assez armé pour mesurer l’ampleur de ce qui se tramait et allait inévitablement finir en drame.
Une fin sans appel, sans lendemain. Le scénario ficelé. L’histoire terminée. J’ai omis des indices, des tout petits riens qui, associés, auraient dû m’alerter du danger.
Pour lui. Pour moi. Les autres. J’aurais dû agir plus vite. Être plus opiniâtre. Plus rentre-dedans. Plus. Plus. Plus. Pour déplacer des montagnes et le sortir de là.
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Différent, je le suis. Par mon physique. Le teint halé. Les cheveux noirs et bouclés, limite crépus, que ma mère tondait régulièrement pour éviter que ma tignasse ne prenne du volume et ne révèle mes origines du côté paternel. Une peau un peu trop mate, suspecte dans une région où l’ensoleillement est un des plus bas de France. Pour défendre mon honneur, je revenais souvent couvert de bleus. Je me battais dans la cour de l’école contre ceux qui m’appelaient le bicot. Je ne savais pas ce que signifiait le terme, mais je le recevais comme une insulte, un uppercut. Un jugement de qui j’étais et je m’en défendais.